De la psychotérapie analytique à la thérapie brève
Petit rappel historique (bref, et donc condensé…il serait vain et présomptueux de résumer une telle épopée en quelques lignes…).
C’est en 1900 à Vienne que Sigmund Freud viendra poser les première bases modernes de l’analyse de la psyché humaine, l’objet n’est pas ici de porter son histoire et ses apports mais d’indiquer qu’il sera le précurseur de la notion d’inconscient.
A l’époque, S. Freud publia son premier ouvrage sur “l’interprétation des rêves” et s’en suivra d’autres écrits ( “Sur le Rêve” 1901, “Psychopathologie de la vie quotidienne”), fondateur et à l’initiative de réflexions sans précédent , il sera le précurseur des tentatives de connaissance du fonctionnement inconscient et des mécanismes supposés du conscient, de l’inconscient et du préconscient.
Il élabore ensuite différentes théories sur les mécanismes inconscients (refoulement, pulsion, conflit intérieur…) et sera à n’en pas douter d’un apport considérable sur le soin psychique en créant la psychanalyse (et le modèle dit de la cure analytique basé sur le narratif).
Se développeront ensuite des écoles héritières de l’apport de Freud, tels Jacques LACAN (pour qui l’inconscient est structuré comme un langage qu’il faut décoder), ou encore Karl Gustav JUNG (plus tournée vers l’écoute de l’intuition, le registre symbolique et l’irrationnel en nous).
Ce dernier sera à l'origine d'un travail considérable qui reliera notamment le fonctionnement de l'être humain au travers des différents types, des archétypes et de l'inconscient collectif notamment. Ses concepts seront à l'origine du "test" de personnalité MBTI ("Types psychologiques" 1921).
Le modèle psychanalytique
Dans le modèle psychanalytique la parole du patient est au cœur du dispositif thérapeutique. L’analyste accueil la parole libre de l’analysant, l’un écoute l’autre et parfois, le thérapeute peut l’orienter, suggérer ou simplement questionner. L’analysant engage un chemin d’introspection pour comprendre ce qu’il est, son fonctionnement, ouvrir l’accès aux portes de l’inconscient par la parole.
Il s'agit d'un modèle axé sur l'interprétation libre qu'en fait le sujet Le psychanalyste, en fonction aussi de son modèle, va porter une attention aux portes ouvertes par l'inconscient via le narratif (la parole), les actes manqués ou les lapsus.
S. Freud J. Lacan K.G. Jung
Palo Alto et les thérapies brèves.
C’est à la suite de la 2nde Guerre mondiale, aux Etats Unis, où la psychiatrie et la psychologie sont très fortement imprégnés par la théorie analytique ; qu’un courant alternatif, différent, naît et qui comme Freud, retient que c’est l’histoire de l’individu qui est le résultat de l’ensemble du vécu et des apprentissages antérieurs.
Mais alors que la médecine psychiatrique américaine demeure liée à la théorie psychanalytique (souvenez-vous de l’image véhiculée par le patient US et son psy, et par exemple de Woody Allen et de ses relations avec son thérapeute), quelques voix dissonantes viennent, à partir des années 1955; apporter une contribution différente à l’analyse de la compréhension du fonctionnement de la relation humaine au travers des sciences sociales notamment et par l’intégration de courant de pensées très hétérogènes.
Confrontés aux conséquences de la 2nde Guerre Mondiale sur l’état psychique des combattants, survivants et victimes ; il s’est avéré que l’approche analytique n’était pas efficiente.
Alors d’autres approches ont été rassemblées et on citera par exemple : le modèle cybernétique, les grandes théories de l’information et de la communication, l’éthologie…
A partir de cette période, il sera considéré de ce qu’un sujet doit s’intégrer à un système et que ce dernier à une forte influence sur son comportement, pensées et actions.
William Pry , John Weakland, Gregory Bateson et Jay Haley
Des hommes issus d’environnements variés et tous spécialistes dans leurs domaines respectifs vont avoir l’occasion de se réunir autour d’un esprit vif et curieux, Gregory BATESON. C’est à la suite de travaux anthropologique puis linguistique (communication chez le schizophrène) que s’ébauchent les fondations de ce courant de pensée qui sera le siège de la théorie systémique et des thérapie brèves au sein du Mental Research Institute (dirigé à l’origine par Don Jackson).
Dès 1956, ils vont apporter de grands bouleversements en publiant leur article commun « Vers une théorie de la schizophrénie » qui introduit pour la première fois le concept de double contrainte.
Pour la première fois la maladie mentale (en l’espèce la schizophrénie), est envisagée comme un mode d’adaptation face à une structure pathologique des relations familiales.
Cette théorie provoque un bouleversement des conceptions psychiatriques traditionnelles et contribue au développement de la thérapie familiale.
C’est ici qu’émergeront les principes des thérapies systémiques et familiales.
Rappelons qu’au titre des personnes impliquées au sein de ce que deviendra le MRI, nous retrouvons le célèbre psychiatre Milton H. Erickson, père de l’hypnose Ericksonienne.
Découleront de tous ces travaux les concepts de thérapies brèves telles que les approches orientées solutions, approches narrative ou stratégique, et ensuite des dérivés tels que les thérapies cognitico comportementales, thérapies comportementales dialectiques ou artistiques (art thérapie) ou encore les thérapies familiales, la PNL, l’hypnose Ericksonienne et plus récemment encore l’EMDR.
On notera à titre d’exemple des apports tels que ceux de Steve de Shazer, pionnier de la thérapie brève orientée solution et l’un des ses nombreux ouvrages notamment celui relatif aux prescriptions de tâches (Keys to Solution in Brief Therapy – 1985).
Aujourd’hui l’école dite de Palo Alto est présente en Europe et elle tient maintenant le haut du pavé de la thérapie brève avec notamment le centre de thérapie stratégique d’Arezzo (Italie) dirigé par l’italien Giorgio Nardone, directement influencé par l’un des précurseurs de Palo Alto, Paul Watzlawick.
Dans ce courant européen figurait un fondateur européen de la thérapie familiale, Mony ELKAÏM. Neuropsychiatre, thérapeute qui aura traversé le 20ème siècle allant de la psychothérapie à l’antipsychiatrie.
Un contemporain extraordinaire de générosité, soucieux de l’autre et singulier dans son approche en thérapie. Je vous invite à écouter et regarder ses quelques interventions vidéo ou lire son approche dans la relation du couple (« Si tu m’aimes, ne m’aime pas » 1985).
Il développera ses propres concepts de thérapie axés sur les notions de « résonance » et de « carte du monde ».
Mony Elkaim
Et enfin, et sur l’approche systémique notons l’apport actuel de Jacques-Antoine MALAREWICZ médecin, conférencier.
